mardi 3 avril 2018

La fête de Pâques.

Pour la fête de Pâques, j'ai teint des oeufs avec ma mère. Cochenille, pelures d'oignons, bois de sental, pour toute une panoplie de couleurs allant du violet au brun foncé en passant par le rose. Je n'y connaît pas grand chose aux origines de cette fête. Il me semble me souvenir de l'histoire d'un farfelu lapin qui en transportant les oeufs de dame la poule en avait malencontreusement laissé tomber un à terre le fendant quasiment en deux avant qu'il ne roule dans les hautes herbes. Le croyant fichu notre fieffé lapin le laissa à son sort avant de poursuivre son chemin. Plusieurs jours passèrent après ce malheureux incident et dame la poule, inquiète, se mit en quête de retrouver ce pauvre oeuf mutilé et perdu dans la nature. C'est alors qu'un de ses poussins s'aventura dans les hautes herbes et piaffa de joie en tombant sur son futur petit frère ou petite soeur. Et quelle ne fut pas leur surprise à notre famille de gallinacés de trouver un oeuf intact et sans une seule égratignure. On le dit même miraculé comme si la grâce était descendue du ciel pour recoller sa coquille émiettée. Un oeuf ressuscité. Ainsi, tendre dame la poule pu pardonner à ce vile lapin son larcin et tout rentra dans l'ordre dans nos prairies verdoyantes.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 3 avril 2018. Les thèmes étaient : la lumière ; la toux ; la fête de Pâques ; chapeau.)

jeudi 29 mars 2018

Régénération


Tous ces sujets m'inspirent, il me font penser au ressenti que l'on a de son corps dû à son interaction avec l'environnement. Sous l'égide du sens de l'odorat, la conscience balaye le corps et forme une couche superficielle à la peau, comme une pelure, en fait et pour être précis comme les vêtements que l'on porte afin de se sentir bien au chaud prêt à agir dans n'importe quelle situation. Dans mes hallucinations corporelles il m'arrive que ce ressenti dérape et qu'il me manque un bras ou une manche tout du moins, ou alors toute la partie gauche de mon corps semble dénudée, à vif, sujette aux intempéries de ma psyché. Ainsi par mouvement de protection, je cherche, à l'aide de ma respiration à recouvrer cette couche protectrice comme si j'essayais de regonfler mon bras ou en tout cas d'en avoir un ressenti serein et adéquat dans le but d'avoir un corps complet et ainsi pouvoir communiquer avec l'ensemble du monde. Car s'il me manque une partie de mon corps, je serais dans l'impossibilité d'entrer en relation avec les personnes dont cette partie serait le sujet de discussion, d'échange et de partage. Comme par exemple le ventre lorsqu'on parle du travail et de notre place dans la société afin de pouvoir manger en participant au bien commun. Ou alors les bras si l'on cherche à toucher quelque chose que ça soit une matière dans l'optique d'un artisanat ou un sentiment si l'on veut toucher le coeur d'un ami. Toucher le coeur et ainsi aider l'autre à pouvoir être complet, finit les problèmes, on s'en occupe dans un élan de solidarité et ainsi la personne avec qui l'on parle peut se reposer sur ses pieds et faire goûter à l'ensemble de son corps à cet état d'équilibre qui fait ressortir les bonnes choses de plus en plus profondément dans notre conscience. Ainsi nous pouvons cheminer vers la paix de l'âme et un ressenti intègre et serein de son corps enfin tout habillé ou protégé par une chambre propre, un lieu confortable, afin d'affronter tous ensemble la journée et changer le monde pour que tous allions vers le meilleur de nous-même.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 27 mars 2018. Les thèmes étaient : La psychose ou la communication avec "l'ensemble du monde" ; la chambre ; fille ou garçon ; les vêtements.)

jeudi 22 mars 2018

L'éléphant

La schizophrénie aidant, les limites de ma pensée prennent des formes diverses et délirantes. La frontière entre les corps se dissout et ma tête éclate, s'évade, s'aventure à l'infini dans une étendue à chaque instant réinventée. Il arrive parfois qu'après s'être mélangé avec l'environnement mon esprit se condense en des silhouettes animales. Ainsi l'éléphant revient souvent dans mes délires, symbolisant par son volume plus qu'imposant la réunion, le regroupement spirituel des personnes aux alentours. Ses longues défenses, attributs de la justice entre ces êtres et leurs pensées, arbitrent les échanges d'énergie, de sens et de chaleur.
Soudain, ce divin pachyderme semble prendre vie lorsque j'éprouve du plaisir à être dans la compagnie de ceux qui m'entourent et ma pensée jaillit hors de mon contrôle pour participer à un cycle, une sorte de chaîne alimentaire, comme aspirée ou mangée par quelqu'un dans les limites de cet éléphant nous réunissant autour d'un désir commun : la préservation de la vie et du corps. Sensation partagée entre l'imaginaire de ce pachyderme angélique et les être humains participants à cette étrange danse intime.
Je pense alors avoir gardé mon esprit d'enfant lorsque toute chose semble animée par la présence de la vie, une sorte d'animisme schizophrénique.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 20 mars 2018. Les thèmes étaient : la rupture ; les boulons ; le plaisir ; l'éléphant.)

lundi 19 mars 2018

L'administration

Difficile de ne pas avoir une dent contre l'administration. En ayant un tant soit peu l'esprit révolutionnaire, il est vite aisé de prétendre avoir les solutions pour refaire la société et la gérer dans le but d'avoir une vie meilleure, plus confortable, plus juste. Pourtant j'ai l'impression que l'on fait déjà au mieux avec ce que l'on a. Il y a une certaine lenteur dans les démarches, il est vrai. Alors que la majorité des humains se sentent responsables et liés au enjeux climatiques ce ne sont malheureusement pas les mêmes personnes qui ont entre les mains la capacité de changer les choses. C'est agaçant de faire partie d'une espèce capable de se détruire elle et son environnement. L'administration se doit de représenter la solidarité régnant entre les êtres humains. Mais pour être solidaire il faut avoir une certaine vue d'ensemble ce que nos sociétés complexes rendent difficile. C'est bien plus simple et efficace de s'entre-aider entre amis, dans la famille, dans des groupes d'accueil, etc. D'agir localement alors que l'administration est une gérance globale qui s'occupe de groupes de gens.
En fait je souffre d'idéalisme. Dans un monde qui ne serait qu'une grande famille, pas besoin d'administration. Juste un peu de jugeote et de bon sens pour que règnent en maîtres paix et amour.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 13 mars 2018. Les thèmes étaient : l'ours ; l'écriture ; les anges ; l'administration.)

Espoir

Bien trop de questions, de soucis de représentation, de compréhension du monde. Qui sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous. Jamais en paix, trouver l'harmonie. Dois-je trouver les réponses ou simplement laisser tomber et renouer avec le mystère... Pourtant elles reviennent sans cesse ces interrogations pour enfin savoir et me reposer sur un sol ferme, solide, ne plus avoir l'impression de tomber, tomber, tomber comme la lune qui selon Newton tombe constamment en direction de la terre. Au final je retrouve confiance en l'avenir, en mes amis. La solidarité refait surface et mes jambes soutiennent à nouveau mon corps. Ce sont des instants magiques où la vie prend son sens, la quiétude reprend le dessus sur la maladie. Accepter ses faiblesses, sauver le monde en se sauvant soi-même et se tourner vers l'avenir et tout ses possibles. La joie que procure l'espoir. Retrouver la capacité de donner. Donner de son temps, de l'écoute, un sourire. Se reconstruire, avancer la main dans la main avec le bonheur. Simplement vivre dans la sobriété de l'instant. Se découvrir soi-même, l'amour, toutes ces merveilles qui émergent de notre présence à tous. Sentir l'alchimie magique croitre quand une femme, un homme, deux êtres que tout rapproche marchent  ensemble sur le doux chemin de l'existence.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 6 mars 2018. Les thèmes étaient : la femme ; le parapluie ; intensité ; les pâquerettes.)

La femme

Ah ce que j'aime les femmes! Mais elles me mettent dans un de ces états, c'est pas possible. Par exemple si je vais boire un verre avec une amie le soir, je passerai ma journée à imaginer notre discussion et tout ce que j'ai envie de lui dire et à chaque fois il faut que ce soit plus recherché et plus enrichissant c'est à s'en arracher les cheveux. Mais bon, ainsi je me sens plus vivant, cheminant sur une voie d'amour, d'amitié et de compassion. Je me sens aussi plus en paix lorsque j'ai échangé un regard, une émotion, un verre, une discussion avec la gente féminine. Je peux ainsi perdre mes préjugés masculins et accéder à un autre point de vue, une autre façon de voir le monde et après chaque rencontre je me sens grandi comme si la femme me permettait d'accéder à une nourriture plus subtile. Une nourriture du coeur qui rend le monde plus cohérent, plus sensible, plus éveillé. Qui me redonne confiance en l'avenir, qui ouvre mes yeux sur un univers merveilleux où la complicité et le rire égaillent nos journées.
Je rêve qu'un jour nous puissions vivre en paix et que la femme s'épanouisse au-delà de tous les clivages et autres jeux de domination. Rien que pour les voir sourire, cela en vaut la peine.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 27 février 2018. Les thèmes étaient : le départ ; la femme ; le froid ; la liberté.)

La tendresse


Ah! la tendresse. On en a tous besoin. Heureux celles et ceux qui en ont et savent la donner, ils sont des personnes riches sur cette terre. Il va bien falloir que j'apprenne mais pour ne pas me mettre trop la pression je vais commencer par la compassion. Ecouter, voir ce qui nous rassemble, les bouts de chemin que l'on peut parcourir ensemble. Alléger nos coeurs en témoignant du parcours de vie et des obstacles qui nous rendent la progression difficile. Par exemple, je trouve extrêmement délicat de dire à quelqu'un que j'ai besoin d'elle ou de lui. C'est totalement déchirant que de dévoiler sa faiblesse, ma chair est à vif et les mille yeux de la voie du milieu me dévisagent. L'instant se teinte d'une atmosphère quasi palpable et je ne sais plus quoi dire, comme si j'avais dévoilé un lourd secret. Je perd mon rêve d'être James Bond ou une personne emplie de pouvoir pour retomber sur mes propres jambes tout éberlué par la désillusion. Mais pour finir, qu'est-ce que je me sens mieux quand je suis moi-même, plus besoin d'entretenir le rêve. Il me suffit maintenant de cheminer sur la voie de la compassion et peut-être que mes rêves ne m'en voudront pas trop de les avoir laissés sur le bord du chemin, je les retrouverai plus loin sous une autre forme en d'autres temps, plus tendre et moelleux.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 20 février 2018. Les thèmes étaient : la femme ; le perroquet ; la tendresse.)

La montagne

Ce que j'aime avec la montagne c'est le fait qu'elle ne soit pas accessible facilement. Pour s'y aventurer il ne faut pas trop s'encombrer : seul le stricte nécessaire comme un retour à l'essentiel. L'air y est pur et rare, y respirer à plein poumon est un délice de fraicheur. Ah! ce que j'aimerais faire une retraite à la montagne, vivre de presque rien dans une sobriété quasi absolue. Contempler la terre depuis des hauteurs insoupçonnées. En fait j'aurais aimé être un bouquetin. Passer ses journées à gambader sur les versants de ces monts majestueux en quête de tendres touffes herbeuses comme heureuse pitance. Jouer de ses cornes, trouver les falaises les plus abruptes. S'abriter pour la nuit. Eveiller la curiosité des aventuriers, les laisser traverser mon territoire en échange d'un vieux bout de sandwich. Mais surtout se sentir habiter ces lieux si merveilleux. Chaque jour serait ainsi un cadeau du ciel et j'irai me recueillir vers cette intrigante chute d'eau gelée miroitant de mille feux. Peut-être aurais-je même pu me trouver une grotte derrière ce palais des glaces afin de passer des journées heureuses auprès de mon troupeau au pelage enchanteur. Vive la montagne et tous les animaux, ces peuples merveilleux qui habitent ces lieux magiques.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 9 janvier 2018. Les thèmes étaient : la montagne ; la bonne résolution ; souvenirs de vacance.)

Au bonheur du GRAAP

C'est fou, ce matin j'en menais pas large et je ne savais vraiment pas sur quel pieds danser. En regardant par la fenêtre je n'avais pas du tout envie de sortir aujourd'hui. Le froid, l'humidité, cette pauvre neige dénaturée transformée en "papotche" qui vous gèle les orteils au contact avec le sol. En plus c'est la période des résolutions et les changements que je suis en train de vivre ne me facilitent pas la tâche. Arrêter de fumer, retrouver goût au mystère et au plaisir du jeu, ne plus se saboter dans ces comportements illusoires et générateurs de confusion. Retrouver ma voie et mes amis, dire à ma famille qui me soutient que je les aime du fond du coeur. Accepter que ma meilleure amie ne veut plus me voir ni me parler et ce sans explication aucune. Simplement lui souhaiter de retrouver un chemin de lumière, je ne peux malheureusement rien lui souhaiter de plus.
Puis au final la nuit s'efface gentiment devant toutes ces histoires, toutes ces relations qui comptent et réchauffent nos coeurs, toutes ces aventures du quotidien qui nous font sortir de la routine et égaillent nos journées. Me voilà arrivé au Grain de Sel d'abord un peu timide puis au final heureux de retrouver la compagnie de mes écrivains et lectrices préférés. On a tous nos petits soucis alors on sent la bienveillance qui règne entre nous, la compassion et surtout la compréhension face aux moments difficiles où la rechute guète au coin de la rue. Mais on est là, ensemble et on se tient les coudes pour rester debout et affronter nos petits tracas. Ils seront vite submergés par le bonheur de former une équipe et de partager des moments forts où l'on se dévoile par l'écriture et on avance soudés par le pouvoir des runes sur le chemin de la vie.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 12 décembre 2017. Les thèmes étaient : le bonheur ; la nature ; le cul-de-sac.)

L'écureuil

Le petit écureuil gris semblait trop occupé à cacher ses graines pour l'hiver afin de m'apercevoir. Pourtant après avoir enterré quelques glands dans le sol tendre il guigna dans ma direction et resta quelques instants ainsi une noix entre ses petites mains. Puis il s'approcha lentement de moi d'un mouvement prudent. Il devait avoir amassé déjà beaucoup de nourriture car quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'il déposa son trésor juste devant mes pieds. Il resta devant moi ainsi quelques secondes semblant insister. Alors je pris la noix qu'il venait de m'offrir et la mangea devant ses petits yeux vifs en le remerciant d'un geste de la main. Le petit écureuil en profita pour grimper sur mon bras et mes épaules me grattouillant les oreilles tout content de s'être fait un nouvel ami dans cette vaste forêt. Nous gambadâmes ainsi un moment avant qu'il ne profite de son perchoir pour sauter sur un arbre et se poser sur une branche décharnée. Nous nous quittâmes ainsi heureux de cette belle rencontre.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 21 novembre 2017. Les thèmes étaient : les dictatures ; l'écureuil ; le handicap ; la forêt.)

Noël


Cette année pour Noël je ne veux pas un objet. Cette années, comme cadeau je veux simplement avoir un peu plus confiance en moi et mieux savoir exprimer les émotions que je suis amené à vivre. Perdre un peu de cette couche de timidité et être capable de dévoiler mes sentiments aux personnes qui me sont chères. Ce serait pour moi un magnifique présent que de partager des instants de bonheur avec mes amis sans se prendre la tête mais simplement en exprimant ce qu'on a sur le coeur. Gagner en complicité et se sentir entouré.
J'ai longtemps vécu comme dans un rêve isolé de la réalité. Maintenant que j'arrive un peu à ouvrir les yeux, j'aimerais pourvoir rattraper tout ce temps perdu à rêver d'un ailleurs, d'une réalité augmentée. Cheminer sur les sentiers de la vie, se voir progresser et voir les autres autour de soi progresser également. Se rendre compte qu'on est pas si différent les uns des autres et s'entre-aider dans les moments difficiles. Le plus beau des cadeaux serait de voir le monde sourire de voir ses yeux se plisser et ses joues rougir de plaisir. S'il y a bien une image qui me reste en tête c'est le sourire de mes amis, de ma famille, des connaissances que j'aime à voir heureux en ce monde. Cela efface tout la tristesse et met un baume salvateur au coeur en le rendant résiliant face aux mésaventures que la vie peut nous réserver. Et s'il faut employer la force alors je me ferait chevalier des chatouilles et commandeur des pitreries afin de dénouer nos ventre et éveiller la joie dans nos coeurs.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 7 novembre 2017. Les thèmes étaient : cadeaux de Noël ; la résilience ; la réalité.)

Broussailles

Un bouquet de fleurs, un bouquet de senteurs, le bouquet final, le bouquet des plaines, le bouquet des montagnes. Le bouquet qu'on offre, le bouquet qui reste et sèche. Toutes ces couleurs pour une bonne odeur. Ce printemps les champs ont eu un soucis administratif : pas le nombre de pétales idéal à ce que les coquelicots ont dit. Ainsi une horde d'insectes à déboulé réquisitionnant tige par-ci, feuille par-là. Ils ont débarqué en bandes : d'abord les scarabées puis les coccinelles après les rhinoféroces et les blindés reluisants. Tellement nombreux que la verdure en était teintée de taches noires, bleues, rouges, oranges faisant concurrence à la beauté fauvine des fleurs. Mais à quoi donc s'amuse ces hordes de renégats de la nature ? Jeu de piste : retrouver la bonne herbe en suivant les odeurs, marathon à travers les touffes : celui ou celle qui rejoindra le mur de paille en premier, cache-cache parmi les broussailles où phasmes et papillons excellent grâce à leur camouflage. C'est fou, il suffit qu'on s'attarde un peu et la vie grouille et bouge jusqu'au plus petit grain de poussière.
Tiens, je te donne ce bouquet de mots en espérant qu'il scintille en ta mémoire.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 24 octobre 2017. Les thèmes étaient : les insectes ; les soucis administratifs ; le bouquet.)

Catastrophe naturelle

Je ne trouve pas mes mots. Je voudrais avoir quelque chose à dire, quelque chose à partager mais rien ne m'inspire ou alors quelques évènements qui m'ont blessés par le passé et qui me font me renfermer sur moi-même. Je suis une catastrophe naturelle. La malchance des évènements m'ont conduit à une impasse et seul un bouleversement majeur saurait remettre mes idées à leur place. Je bouillonne, je frémis. Toute la vie semble emprisonnée en ce corps meurtri. Je voudrais exploser et me répandre sur terre tel une coulée de boue. Je voudrais éclater et disséminer ma colère aux quatre coins du monde. À force de réprimer mes sentiments, de les taire, de ne pas les écouter j'ai fini par créer un barrage tel un cratère de roche prêt à se fissurer, à se craqueler afin de libérer les forces amassées dans le magma de mes entrailles.
Heureusement la nature est là et je me sens moins seul à affronter les affres du destin. Je peux garder les yeux ouverts tout en regardant l'effondrement de notre civilisation. La chute est peut-être moins pénible si elle est partagée. Se relever est peut-être moins difficile si cela est fait ensemble. Tout effacer pour tout recommencer. Tout ensevelir sous une tempête de sable. Tout inonder sous des trombes d'eau et repartir à zéro comme la nature sait si bien le faire et cette fois ne plus s'éloigner de son for intérieur, ne plus se mentir à soi-même et savoir s'écouter afin de retrouver des sentiments vrais qui nous redonnent le sourire en nous faisant attendre le retour tant espéré du soleil d'automne.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 17 octobre 2017. Les thèmes étaient : le soleil d'automne ; les catastrophes naturelles ; à ma fenêtre aujourd'hui.)

Une nuit sur le monde

Je rêve d'un monde, oui je rêve éveillé, je rêve disais-je d'un monde solidaire où tous nos problèmes seraient une priorité à résoudre où les solutions seraient simples et évidentes. Je rêve d'un monde compréhensible, tendre et doux où le malaise et la solitude n'existeraient pas. Je rêve d'un monde présent, présentable. Je rêve d'un monde compréhensif, attentionné. Je rêve d'un monde où la tristesse se soignerait par des câlins, où nos maisons seraient accueillantes et la nature verdoyante. Je rêve d'un monde où chaque espèce aurait sa place sur terre. Je rêve d'un monde à qui je pourrais tout dire, avec qui je pourrais partager mes peines, mes doutes, les mots et la parole sortant de nos bouches tels une source salvatrice. Je rêve d'un monde où les puissants veilleraient sur les faibles que même ceux qui ne peuvent s'exprimer soient entendus. Je rêve d'un monde où le rôle de l'humanité serait de prendre soin de ses semblables, des autres animaux et de la terre entière.
Car à vrai dire je me sens en empathie avec tous ces animaux que l'être humain écrase, avec la planète qu'il exploite, avec toutes nos émotions qui se perdent dans les limbes et le chaos.

dimanche 18 mars 2018

Fantasmes et délivrance

Comment s'exprimer clairement quand tout se bouscule dans ma tête. À chaque instant je ressens cet élan du coeur comme un oisillon qui essaie de s'envoler mais manque d'air ou de pot je ne sais, celui-ci se perd dans la lourdeur de ma poitrine serrée. Il se change en taupe creusant le terreau de ma chair, se heurtant à mes peines. Seuls quelques borborygmes éparses se frayent un chemin vers la surface. L'écriture me permet de traduire ces mots avortés, leur donner un sens en prenant du recule et de la lenteur. Un espace se crée au milieu du chaos me permettant de reconnaître les émotions qui me traversent, les nommer et louer la vie qui les habite. Et pourtant, je me déplace en chaussons anti-dérapant de peur de glisser lorsque les sujets délicats pointent le bout de leur nez. Alors que ce sont justement ces sujets qui m'attirent je n'ose les toucher, les faire avancer dans la lumière pour en comprendre les contours, en apercevoir les forme afin de les cueillir et les élever vers la compassion de ma tendre attention. Serait-ce la solitude, mon incapacité à aller vers l'autre, mon impuissance, ce manque de paix, cet espoir trop peu écouté, ce vide qui me ronge, une honte pesante, une folie me poussant à me satisfaire de mon inaction.
La présence des femmes m'inspire. Mais je n'ose les approcher me faisant dévorer par une curiosité exacerbée. La pression est telle que bien trop souvent je détourne mon regard prétextant un attrait plus fort pour une nature extérieure mais à chaque fois je m'en mords les doigts car leur coeur est la divine demeure et m'en voilà chassé par mon infortune. Alors je retourne dans ma grotte procrastinant mon amour pour la gente féminine mais chaque jour de plus se rajoute à ma peine, tantôt espoir, tantôt tristesse, mon coeur saigne et je cherche les solutions pour ne pas laisser la colère prendre quartier. Nommer ce mal-être, cette maladresse, la décortiquer, en faire mon amie, tomber les masques, éveiller cette envie de véracité pour enfin me confier et pouvoir dire à quel point j'ai besoin d'elle. Qu'elle est mon avenir, que tout mon monde danse autour de sa présence, de son odeur, son attention, son regard profond, ses goûts et couleurs, sa personnalité, ses rêves et aspirations, de tout ce qu'on est capable de donner à la vie lorsqu'on chemine main dans la main. J'ai peur de lui avouer tout ceci, peur de ne pas être compris ou pire, ne pas être écouter. Peut-être parce que j'ai trop fantasmé notre rencontre et que je suis encore confronté aux fantômes de ce funeste potentiel. Ce n'est pas lui faire honneur que de me complaire dans cette torpeur. Si seulement j'arrivais à réunir le courage afin de lui rendre hommage je pourrais me sentir moins seul, plus léger, libéré. Je pourrais retrouver la solidarité qui nous unit au-delà des temps et des distances, m'attendrir, être présent et enfin vivre.

lundi 22 janvier 2018

La dépression psychanalytique du Lamantin

De tout temps j'ai trouvé ce monde bien trop compliqué, je ne trouvais pas les réponses à mes questions, ma curiosité était exacerbée, tout le temps en éveil, je voulais tout savoir, tout comprendre, avoir une vue d'ensemble pour ensuite me diriger dans la vie en toute connaissance de cause. Mais j'ai échoué. Tout d'abord mes études ont été une désillusion puis il y a eu la maladie et tout ce qu'elle entraîne : drogue, déchéance, destruction de soi. Depuis je n'ai trouvé personne sur cette planète qui partage mes rêves. Qui arrive à me redonner le sentiment qu'on vit sur la même terre, qu'on se dirige au même endroit, qui arrive à comprendre ce que j'ai enduré, ce que j'ai vécu. Non, le soleil a éclaté en dix-mille étoiles et j'erre dans la nuit, en apesanteur de lieu en lieues à la recherche d'un plancher stable ou simplement d'une main tendue. Si seulement j'arrivais à m'exprimer clairement. Si j'avais un tant soit peu les idées clairs dans la tête, mais non c'est le chaos. Je ne sais plus ce dont je suis capable. Je suis une âme seule en manque terrible d'affection. Faut-il que je m'en plaigne ? Que je l'accepte en tout cas. Suis-je capable de me la donner cette affection ou d'aller la chercher ailleurs. "Donne aux autres ce qui te manque le plus." Ouais, ça fout pas la pression. J'espère. De tout mon cœur je le souhaite.
J'ai honte de ma situation. Je ne suis pas un homme mais un tout petit être blessé par la grandeur de la vie. C'est bien la honte qui me terre dans le mutisme, j'en ai la gorge serrée. Car oui j'ai honte de ma timidité et surtout de ne pas rencontrer l'amour dont on parle tant. J'ai peur de ne pas aimer, de ne pas m'aimer. J'ai peur de me sentir seul et incompris. Mais si je ne m'exprime pas, comment me sortir de là ? Malgré l'urgence il y a l'écriture. Un peu de recul, ça aide. Chez moi, s'il n'était pas tabou ça ferait longtemps que le sujet serait sur la table. Quoique. En fait quand j'y pense sérieusement ça me fait mal au cœur, je n'ai pas envie d'en parler. Je crois savoir quel est le problème... Je ne suis pas timide, je suis méchant ! Pourquoi les filles mériteraient-elles mon amour ? Je n'ai jamais rien reçu d'elles, pourquoi donnerai-je ? Bon, c'est pas vrai que je n'ai jamais rien reçu mais c'est l'idée. J'ai besoin d'une preuve d'amour, je veux qu'on m'aide à briser cette armure. Je ne peux pas inventer la tendresse. N'importe quoi ! T'as la trouille c'est tout, t'es un peureux qui ne veut pas s'engager dans quoi que ce soit parce que la perversion t'a percé les yeux et tu refuses de voir la beauté simplement où elle est. Tu ne cherches que ton propre plaisir. La relation t'es inconnue. C'est pourquoi tu saignes tant, pourquoi toutes tes réponses s'écroulent sous le poids de la solitude.
Je suis aigri. Quoique j'encaisse plutôt bien, là. Bref. Aïe. De l'affection j'avais dit, mais explorer les recoins sales et négatifs de mon âme, peut-être y apporterai-je un minimum de lumière.

jeudi 4 janvier 2018

Camisole chimique

Ma vie a perdu tout son sens. La normalité c'est pas pour moi, les autres le feront bien mieux que moi. Mais voilà que mon imaginaire se meure, ma précieuse imagination qui me permettait de côtoyer ce quotidien si morne : boire, manger, dormir, penser à l'avenir, contenir ses appétits, se sentir utile afin de méditer sa place à la table du paradis, faire pousser des carottes, devenir un modèle de vertu, nourrir le monde et le rassurer : non je ne suis pas un monstre, du moins pas encore. Je crois en l'art et aux gens. Je promets de rester sage comme une image sans nom, de réprimer ma rage, de me donner à son dessein, aux médecins, ah! mes deux seins me démangent, ça me dérange.
Et voilà que tout bascule tel un pendule. Tic-tac-cloaque. Prenons la pose et chassons la planète de son orbite. À la dérive, moussaillons ! Floutons le voile pour une dernière ode à l'absurde, évadons-nous de notre moule si fidèle à la droiture, détruisons les carcans illusoires de notre mental, espérons la déchirure qui laissera passer la lumière. Enfin quelques rayons de soleil ! Quel spectacle magnifique toute cette poussière prendre des allures de firmament et scintille de son apesanteur, le temps est suspendu, monsieur Darwin s'en retourne dans sa tombe méditer les battements de son cœur. Et un, et deux, et trois soleils. La terre respire, caresse l'air, poursuit son ombre, éclipse les regards. Vers qui, vers quoi, à quoi bon. Et pourtant elle tombe, dans cet univers infini d'une bêtise presque éternelle. D'où venons-nous ? De la rectitude et de l'ordre nous disait Charlemagne. L'histoire appartient à celui qui rêve le dernier…