jeudi 22 mars 2018

L'éléphant

La schizophrénie aidant, les limites de ma pensée prennent des formes diverses et délirantes. La frontière entre les corps se dissout et ma tête éclate, s'évade, s'aventure à l'infini dans une étendue à chaque instant réinventée. Il arrive parfois qu'après s'être mélangé avec l'environnement mon esprit se condense en des silhouettes animales. Ainsi l'éléphant revient souvent dans mes délires, symbolisant par son volume plus qu'imposant la réunion, le regroupement spirituel des personnes aux alentours. Ses longues défenses, attributs de la justice entre ces êtres et leurs pensées, arbitrent les échanges d'énergie, de sens et de chaleur.
Soudain, ce divin pachyderme semble prendre vie lorsque j'éprouve du plaisir à être dans la compagnie de ceux qui m'entourent et ma pensée jaillit hors de mon contrôle pour participer à un cycle, une sorte de chaîne alimentaire, comme aspirée ou mangée par quelqu'un dans les limites de cet éléphant nous réunissant autour d'un désir commun : la préservation de la vie et du corps. Sensation partagée entre l'imaginaire de ce pachyderme angélique et les être humains participants à cette étrange danse intime.
Je pense alors avoir gardé mon esprit d'enfant lorsque toute chose semble animée par la présence de la vie, une sorte d'animisme schizophrénique.

(Texte écrit au groupe d'écriture du GRAAP, Lausanne le 20 mars 2018. Les thèmes étaient : la rupture ; les boulons ; le plaisir ; l'éléphant.)

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