vendredi 22 juillet 2016

Goulets

J'étais assis à l'arrière les pieds coincés sous le siège avant. L'odeur nauséabonde donnait cette impression âcre que l'étrange machine toute entière respirait. Ma mère surveillait la route, les cartes posées sur les cuisses ; mon père, les mains collées au volant suait à chaque ligne blanche ; mon frère dictait le rythme et moi je dérivais, le regard perdu dans les talus. Rebondissant à chaque bosse, flânant autour des murets sursautant ici et là : une chèvre, un cheval, quelques moutons, des vaches et les motos... Il fallait éviter les poteaux électriques par un slalom fin et logique, escalader les rambardes et taquiner les habitants. La fraîcheur d'une inattendue vallée éveillait nos esprits et le chemin ressortait de nos entrailles par quelque anecdote ou blague hilare. Papa avait toujours une petite histoire sous le coude et maman, pendue à ses lèvres, savait relever le récit d'une saveur printanière. C'est alors que mon frère et moi complétions le dessin de nos mots éparses et incongrus, pointillant les paysages de nos touches délicates et attentionnées.

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